Beatmaker est un métier passionnant mais souvent méconnu du grand public. Si vous êtes passionné par la production musicale, vous pourriez envisager de faire du beatmaking votre métier. Cependant, avant de vous lancer dans une carrière de beatmaker, vous vous posez sûrement de nombreuses questions : Combien peut-on gagner en tant que beatmaker ? Quel est le salaire moyen d’un producteur de musique ?
Contrairement aux métiers dits “classiques”, le revenu d’un beatmaker n’est généralement pas fixe et est plutôt complexe à estimer.
Dans cet article, nous allons ainsi explorer le salaire du beatmaker, les différents types de rémunérations et les manières de gagner de l’argent en tant que beatmaker.
Le salaire des beatmakers : impossible à définir ?
Le salaire d’un beatmaker est un sujet très complexe. En effet, il est presque impossible de donner une estimation de salaire précise car les revenus des beatmakers peuvent varier considérablement d’un individu à l’autre. Les salaires dans les métiers artistiques peuvent être très éloignés des chiffres moyens que l’on peut retrouver sur internet. Certains beatmakers peinent à gagner le moindre euro tandis que d’autres sont millionnaires grâce à leurs instrus.
En plus d’être aussi variables, les revenus des beatmakers peuvent énormément fluctuer dans le temps, notamment d’un mois à un autre, et ce pendant des années.
Les facteurs principaux qui influencent le revenu d’un beatmaker sont : sa popularité, son expérience, son réseau et la qualité de son travail. Certains beatmakers choisissent d’exercer cette activité à temps plein et d’autres le font en parallèle d’un autre emploi.
Pour augmenter leurs revenus, les beatmakers peuvent gagner de l’argent de différentes manières.
Les différents types de rémunération
La vente des prods
Lorsqu’un rappeur souhaite utiliser l’une de vos instrumentales, il doit payer pour l’exclusivité de la production. Si le rappeur est signé et que le paiement est effectué par son label, le montant se situe en moyenne entre 300 et 2000 euros. Si l’instru est payée par un rappeur indépendant, le montant est généralement compris entre 100 et 1000 euros. Un contrat de cession est alors établi pour officialiser cette transaction. Pour les beatmakers confirmés, le prix des instrus peut augmenter considérablement. Le producteur légendaire Timbaland a révélé dans une interview avoir déjà été payé 500 000$ pour une seule instrumentale.
“Le prix de vente d’une instru peut aller de 100 euros à 3000 euros en France, en fonction du renom du compositeur. Le top 10 des beatmakers français gagnent, à mon avis entre 80 000 et 400 000 euros par an. Si on exclut le top 10, les mieux lotis doivent gagner entre 20 et 30 000 euros par an. L’écrasante majorité ne gagne pas assez pour en vivre et a une profession à côté.”
BBP
Dans certains cas, les compositeurs peuvent obtenir des points de réalisation : un pourcentage des revenus générés par le titre qu’ils ont composé. Ce pourcentage diffère des droits d’auteur que le beatmaker touchera via la SACEM.
Par ailleurs, vous pouvez recevoir des primes pour chaque certification (or, platine, diamant). Ces primes sont déterminées à l’avance dans le contrat de cession.
Il convient de noter que toutes les musiques des artistes ne sont pas destinées à être commercialisées. De nombreux titres d’artistes émergents ne sont jamais déposés à la SACEM ou ne sont pas mis à disposition sur les plateformes de streaming. Parfois, les instrumentales ne sont donc pas vendues à titre exclusif et peuvent être utilisées par différents rappeurs. C’est le cas des type beats.
Les type beats
Les type beats sont des instrumentales créées dans le style d’un artiste connu ou d’un genre musical spécifique, dans le but de les vendre à des rappeurs ou à des artistes qui cherchent à créer une musique similaire. On retrouve le plus souvent les type beats sur YouTube ou BeatStars. Ces instrumentales peuvent être vendues en exclusivité ou sous forme de licences variées à des prix très abordables (entre 20 et 300€ en moyenne).
Les droits d’auteurs
Chaque titre déposé à la SACEM génère des droits d’auteurs qui sont ensuite répartis entre les différents acteurs liés au titre comme les compositeurs, les auteurs et les éditeurs, et peuvent représenter un gros revenu régulier pour les gros hits qui se vendent bien, tournent à la radio et en festival.
En ce qui concerne les beatmakers, ils se partagent la part compositeur : 25% des droits d’auteurs (ou prennent la totalité si le beatmaker est seul sur une instru et qu’il n’y a pas de topline). 25% supplémentaires reviennent à l’éditeur du compositeur, le beatmaker peut toutefois être son propre éditeur et toucher ces 25% supplémentaires.
Les 50% restants sont distribués aux auteurs et à leurs éditeurs (25% pour l’auteur et 25% pour son éditeur).
L’avance
Au même titre que les artistes, les beatmakers qui signent en label ou société d’édition peuvent toucher une avance qui sera remboursée à partir de vos revenus SACEM. Vos premières SACEM serviront donc à rembourser l’avance que vous avez touché et vous ne toucherez l’argent de la SACEM qu’une fois que cette avance sera remboursée intégralement.
Synchronisation
La synchronisation musicale implique la création d’une bande sonore pour accompagner un support audiovisuel, qu’il s’agisse d’un film, d’une série, d’une vidéo, d’une publicité, de jeux vidéo… Bien que les rémunérations puissent varier considérablement pour ce type de travail, cela peut s’avérer très lucratif. Pour réussir dans ce domaine, il est recommandé de contacter des entreprises et des vidéastes, de produire des démos et de constituer un portfolio de références.
Exploiter ses propres œuvres
Il est important de souligner qu’un artiste ne doit pas nécessairement avoir un chanteur ou un rappeur pour poser sa voix sur ses instrumentales et être rémunéré. En effet, il est possible de mettre ses propres beats en ligne sur des plateformes de streaming telles que Spotify, Apple Music et Deezer, et de générer des revenus grâce aux streams. La lo-fi est un exemple de genre musical instrumental très populaire mais ce n’est pas pour autant le seul style musical qui offre cette possibilité.
Cependant, il est essentiel de noter qu’un grand nombre de streams est nécessaire pour gagner un revenu significatif. Par conséquent, il est crucial de se faire connaître et de promouvoir sa musique pour accroître son nombre d’auditeurs. Pour ce faire, plusieurs méthodes peuvent être utilisées telles que l’utilisation des réseaux sociaux (TikTok étant particulièrement intéressant pour promouvoir sa musique) ou être inclus dans une playlist (comme celle de la Lofi girl, par exemple).
Les autres sources de revenus
Les moyens de revenus dans la musique sont très nombreux et il est souvent intéressant de multiplier les sources.
Les beatmakers peuvent par exemple générer des revenus supplémentaires en proposant des kits qu’ils ont créés eux-mêmes, c’est-à-dire des packs de sons, des drumkits, des one shot kits, des loopkits, des pack de samples, et les vendre en ligne sur des plateformes dédiées comme Beatstars ou via Shopify.
Les beatmakers peuvent également proposer des formations pour enseigner leur savoir-faire que ce soit des tutoriels en ligne, des masterclass, des sessions de coaching personnalisées.
En outre, les beatmakers peuvent aussi se lancer dans la vente de merchandising de t-shirts, de casquettes ou de sacs à dos avec leur logo ou leur nom d’artiste. Cela leur permet de développer leur marque personnelle et de fidéliser leur public.
Tu peux retrouver d’autres sources de revenus sur notre article intitulé 11 méthodes pour gagner de l’argent quand on est beatmaker.
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Conclusion
Pour conclure, il est presque impossible de définir précisément le salaire d’un beatmaker tant les revenus des beatmakers sont disparates. Entre le beatmaker passionné qui vend sa première prod à 50€ et Southside qui vend ses instrus à 100 000$ l’unité, la différence est énorme. Les facteurs qui influencent les salaires des producteurs de beats comprennent leur popularité, leur expérience, leur réseau et la qualité de leur travail. Gagner de l’argent avec le beatmaking prend du temps et il n’est pas rare que les beatmakers ne gagnent rien pendant leurs premières années.
Il est important de noter que comme pour beaucoup de métiers indépendants et artistiques, le salaire varie également énormément chaque mois et chaque année. Un beatmaker expérimenté peut connaître des périodes de creux sans obtenir de rémunération et d’autres périodes très lucratives.
De nombreux compositeurs font du beatmaking uniquement par passion et parviennent à en tirer quelques centaines d’euros par mois tout en gardant un autre métier à côté. Cependant, si devenir beatmaker est votre rêve, sachez qu’il est tout à fait possible d’en vivre.
Source de la citation : Cynthia Tayet – Beatmakers : La face cachée du rap